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Re: Vidange annuelle ou pas ?

Posté : sam. 08 août 2020, 02:11
par peyruque
je n'ai rien inventé, et pour tout dire, je n'y connais rien en huile.
je tiens ça de la part d'un professionnel renommé et reconnu.
le lien semble confirmer ses dires.

Re: Vidange annuelle ou pas ?

Posté : sam. 08 août 2020, 11:15
par jemase
Comme j'aime bien savoir, j'ai de nouveau fait une petite recherche et je suis tombé sur un document universitaire "Etude de la viscosité des huiles moteurs" qui confirme lui aussi que la viscosité peut évoluer dans le temps lorsque l'huile est soumise à ce qui est appelé "contrainte de cisaillement".

Pour ceux qui ne craignent pas le mal de tête, le document intégral est disponible ici : http://dspace.univ-tlemcen.dz/bitstream ... oteurs.pdf

Un extrait (page 10) de ce document :

"L'influence du temps, combinée avec celle la contrainte de cisaillement donne lieu à des phénomènes rhéopexiques.

On distingue des liquides thixotropes dont, à contrainte de cisaillement constante, la viscosité décroit lorsque la durée de cisaillement augmente, et les liquides antithixotropes pour lesquels elle croit avec la durée du cisaillement.

Lorsque la contrainte est supprimée, on peut avoir après un temps plus ou moins long le retour à l'état initial; on peut aussi aboutir à une fluidification ou à un épaississement stable, correspondant à un changement important de la structure intra ou intermoléculaire du fluide."


Fin de citation.

Le terme "thixotropie" n'étant pas forcément connu de tous, voici un exemple simple : certaines peintures sont spécialement conçues pour être épaisses au repos (ça évite les coulures) mais peuvent être fluidifiées par simple agitation pour faciliter leur application, ce sont des peintures thixotropes. En clair, vous ouvrez le pot, c'est épais, vous touillez, ça devient plus fluide, une fois appliqué, ça redevient épais.

Dans le cas des peintures, le phénomène est réversible, dans le cas des huiles, il ne l'est pas, d'où l'évolution à la baisse de la viscosité en début de courbe dans le graphe posté plus haut.

A ça il faut ajouter les autres paramètres : température, oxydation, encrassement, etc... Pas simple la lubrification !

En conclusion (pour ce qui me concerne) et pour revenir à la question initialement posée : 10 000 km ou 1 an, au premier terme échu, pas de prise de risque inutile, un moteur coûte beaucoup plus cher que 2 litres d'huile et un joint !

Re: Vidange annuelle ou pas ?

Posté : dim. 09 août 2020, 12:38
par Phantom
Conversation très intéressante ! J'avais retenu le phénomène d'oxydation (comme tout corps gras en présence d'oxygène) , la thixotropie , le phénomène de cisaillement (il y a eu , il y a bien longtemps un test comparatif de Motomag avec analyses d'un pannel de différentes huiles et des tests de cisaillement à haute température par un laboratoire spécialisé) donc je vidange moi aussi 1 fois par an si je n'ai pas atteint le seuil des 10 000 km. La réfection d'un moteur est tellement plus onéreuse que les dizaines de litres de lubrifiant que l'on aura pu utiliser qu'il ne faut pas hésiter.

En usage piste avec des régimes de rotation très élevés (ce qui n'est pas le cas des usagers des Guzzi actuellement , mais il fut un temps où au Bol d'Or...) l'huile peut être totalement déstructurée chimiquement et à la vidange apparaître claire et fluide comme de l'eau...

Re: Vidange annuelle ou pas ?

Posté : dim. 09 août 2020, 13:25
par Scoutindian
Tiens, mon fiston qui est mécano rapporte la même chose que le tableau.
Une huile neuve n'est pas mélleur qu'une huile usagées.
Une huile qui tourne avec un filtre en état peu faire deux ans t'en qu'elle un kilométrage trop élevé.
Après, balancée de l'huile alors qu'elle fait son travail correctement, ce n'est pas très écolo.
C'est mon point de vue. ;)

Re: Vidange annuelle ou pas ?

Posté : lun. 10 août 2020, 08:27
par jemase
Salut à toi, Scoutindian,

Mon modeste point de vue est le suivant :

Ce qu'indique le graphique, c'est qu'une huile neuve est plus visqueuse qu'une huile qui a travaillé de 500 à 2 000 km (dans les conditions de l'étude). Le principal inconvénient d'une viscosité élevée est une augmentation des frottements au niveau de l'huile, donc une augmentation de la consommation de carburant et des rejets.

Ce qu'il montre aussi, c'est que la viscosité remonte ensuite sous l'action de plusieurs paramètres, dont certains liés aux conditions et à la durée d'utilisation et d'autres liés à l'âge de l'huile, jusqu'à atteindre le seuil de remplacement, au delà duquel la lubrification devient insuffisante (pas seulement à cause de la viscosité, il y a d'autres caractéristiques à prendre en compte) et provoque une usure accélérée du moteur.

De là à considérer qu'une huile neuve est moins bonne qu'une huile usagée, tout dépend de l'état de cette huile usagée. Le problème est qu'en fonction des conditions d'utilisation, qui peuvent être très différentes d'une moto à l'autre, on ne sait pas avec précision dans quel état est réellement l'huile car il n'existe aucun moyen simple et accessible à tous de faire les analyses en temps réel.

D'où la double préconisation 10 000 km OU 1 an au premier terme échu, faite par les différents ingénieurs qui conçoivent et mettent au point les moteurs et les lubrifiants, valeurs destinées à écarter tout risque d'utiliser une huile dégradée.

Alors, oui, on risque probablement en respectant ces préconisations de jeter dans certains cas une huile encore correcte, et ce n'est peut-être pas très "écolo", mais est-ce plus écolo de prendre le risque d'user prématurément un moteur dont la réparation ou le remplacement auront aussi un impact environnemental (et économique) ?